Partie 1

Cette douleur qui me ronge de l’intérieur. Je la sens gangrené en moi, elle cherche à m’atteindre au coeur et elle n’en est plus très loin. Idiote suis-je, une enfant face à l’amour. Je ne sais plus ce que je dois penser ni faire. Je l’aime, c’est certain, et même beaucoup trop à tel point que je ne sais plus où j’en suis dans ma propre vie. Pourtant, mes objectifs étaient simples, réduire le clan à néant. Je devais faire en sorte de tuer Victor, et que Kahlan puisse s’occuper de Marcus. Et pourtant depuis des jours, je passais mon temps à pleurer et à hurler la douleur qui me laminait les entrailles. J’avais cette envie que le sol s'ouvre sous moi pour m’aspirer en enfer, j’aurais aimée être assailli par une crise cardiaque et rendre mon dernier souffle.

Pensé un seul instant qu’il ne voulait pas de moi, qu’il ne voulait pas me parler me faisait si mal. Les paquets de mouchoirs s’entassaient dans la poubelle, mais pas seulement, le sol en était juché, et je continuais encore de pleurer… Sans vraiment me rendre compte de mon geste, je me laissais tomber du canapé pour ramper plus ou moins jusqu’à ma chambre pour tirer une boîte de sous le lit. Une énorme boîte que j’ouvris pour en ressortir un vieux grimoire de magie noire. J’en caressais la couverture avec un sourire étrange et perdu sur les lèvres, il était symbole de douleurs et d’apaisement à la fois. Je poussais un soupire, le serrant contre mon coeur et me relevant avec peine pour rejoindre le salon de nouveau. Je me laissais lourdement retomber sur le sol, me blessant les genoux au passage, mais je ne fis pas attention à la douleur qui n’était rien comparée à ce que je ressentais en cet instant au plus profond de mon être.

Lourdement, le livre rencontra le sol et je l’ouvris, retrouvant rapidement ce que je cherchais. Longuement mes yeux se perdirent sur les textes de ce double page. Je pesais encore le pour et le contre, mais je savais qu’en prononçant ses mots, je ne souffrirai plus, ou tout du moins je ne me sentirai plus aussi mal. Peut-être était-ce la solution ? Peut-être n’aurai-je jamais dû les libérer, mes sentiments ? Ses sentiments que j’avais enfouis au fond de moins lorsque j’étais encore une enfant, je les avais libéré et en avais été heureuse quelque temps pour replonger en enfer… je ne voulais plus souffrir, je ne voulais plus verser une larme..

- Lucaem corpus tatum…

On toqua à la porte et je refermais le livre d’un coup sec, j’étais vraiment devenu faible pour en arriver là. Je me levais difficilement pour rejoindre la porte afin d’ouvrir. Je n’espérais qu’une chose, que mes yeux ne soient pas trop rouges, et ne révèle pas trop ma faiblesse émotionnelle du moment. Lorsque j’ouvris la porte, je ne m’attendais pas à le voir LUI sur le pas. J’en restais un instant bouche bée, incapable de parler ni faire quoi que ce soit.

- Domino. Puis-je entrer?

Un frisson me parcourut, cette voix, si froide, à des kilomètres des derniers mots prononcés. Si loin de ce que j’avais cru être de l’amour, non ce soir face à moi, ne se trouvait qu’un homme sans sentiment, incapable d’aimer qui que ce soit. Rien à voir avec la personne que j’avais cru aimer, je ne me rendais alors compte que tout n’avait été qu’illusion.

- Je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée Alex.

Ses mots me faisaient si mal, car il était évident pour moi qu’il n’était pas là pour nous, pour mes lèvres, mes mots d’amour, nos caresses et nos moments tendre. Non, Alex était un mercanti et travaillait bel et bien pour Marcus et Victor, il était venu pour m’enlever et me remettre à ses maîtres. J’en étais certaine, je lui confiais mes doutes, il sembla le prendre mal, mais je m’en fichais pas mal. Après quelques pics verbaux échanger, je l’autorisais à entrer dans cet appartement, témoin de mon désarroi.

Je notais la façon qu’avait Alex de ne pas me toucher en entrant, il m’évitait clairement. Je ne comprenais plus rien à la situation, complètement perdu, ne sachant plus quoi pensé de tout cela une nouvelle fois. Qu’était-il venu faire ici alors si ce n'était m’enlever ? Car au vu de son attitude, il était certain qu’il n’était pas là pour quelques baisers.

Trahir, trahir ? Mais de quoi parlait-il ? Mes yeux laissaient sans doute paraître mon interrogation. Je n’avais réellement pas l’impression de l’avoir trahi ? En quel instant l’aurais-je fait ? Perdu étais-je dans un acte que je semblais moi-même avoir commis sans en avoir conscience. Je me demandais bien ce qu’il me reprochait. Je lui avouais clairement ne pas comprendre son allusion, que j’étais complètement perdu face à ces accusations et ses mots furent comme un coup de massue ensuite :

- Alors, c'est encore pire.

Je le regardais se rendre sur mon balcon, je restais quelques instants muette à le regarder. Pire ? Je ne comprenais vraiment pas ce qu’il m’arrivait. Je regardais le temps d’une seconde ce gros livre de magie noire posé sur le sol, et si je n’avais pas ouvert ? Pourquoi ne l'avais pas fait plutôt ? J’avais envie de hurler ma peine et mon désarroi, j’étais complètement perdu, et ne savais pas par quoi commençais. Je me jetais presque à sa suite ensuite, pour tenter de comprendre.

- Tu m'expliques de quoi, tu parles ? Que je puisse au moins me justifier si cela à lieux d'être. Alex ! Parle moi ! S'il te plaît.

Il ne dénia pas me regarder un seul instant, me blessant un peu plus encore dans mes estimes. Le sol et ses passants semblaient plus passionnants que moi. Peut-être devrais-je me jeter par-dessus la rambarde pour qu’il daigne me regarder ? Je ne savais véritablement pas quoi pensé de lui, j’avais l’impression qu’il était blessé et déçu, comme si j’étais la pire personne qu’il n’avait jamais rencontrée dans toute son existence. J’avais si mal au fond de moi que l’entendre parlé de nouveau ne fut qu’un nouveau rêve coeur à ceux qui me rongeaient déjà.

Je ne comprenais réellement pas où était la trahison dans cela, j’avais été honnête de tous les côtés, ou en tout cas c’est de cette façon que je voyais les choses. Mais pas lui semble-t-il. J’avais envie de poser ma main sur son bras, le pousser à ce retourné pour me regarder. Si j’avais pu, je crois que je l’aurais frappé, mais je savais la chose bien inutile. Je lui exposais mes arguments, lui avouant mon honnêteté pour tous mes proches, mais cela ne sembla rien changer. Confiance, maître mot de cette suite de mots presque incompréhensibles pour moi.

Je finis par ne plus me retenir et prendre ses mains dans les miennes, je voulais le confronter à mon regard, à mon toucher. À tout ce qui faisait notre relation, je l’abreuvais de nouvelles paroles, cherchant à faire naître une idée en lui. Je voulais lui faire comprendre que malgré tous ce que pouvait penser les autres, j’étais prête à beaucoup de sacrifice pour être avec lui, je renoncerais à tous les autres pour lui, sans hésiter, c’était certain. Mais il repoussa mes mains…

Malgré ses mots échangés, ses sentiments partagés, j’avais cru qu’un avenir était possible entre nous, qu’il voulait de moi, mais je pensais sincèrement m’être trompé. Je lui disais même, lui affirmant qu’en réalité, il ne voulait pas de moi pour compagne, il ne voulait pas s’engager et qu’il ne m’aimait pas.

Les mots s’enchaînaient les uns après les autres, je lui avouais même ce que j’avais été sur le point de faire avant qu’il n’arrive, et soudain, je me retrouvais plaqué contre la fenêtre. Il plongea son regard noir dans le mien, en tout cas, maintenant, il me regardait. Même si une certaine douleur naissait dans mon dos dû à la brutalité de son geste. Des mots, tellement de mots que je ne savais plus lesquels j’utilisais, quels étaient mes arguments pour le garder. Je laissais ce flot de paroles coulé sans vraiment y faire attention, mes yeux perdus dans les siens. Je voulais qu’il parle, je tenais absolument à crever cet aspect entre nous.

Ce sont bien des menaces qui semblaient fendre l’air maintenant. Vampire en colère, sous-entendait-il que je ne serais pas en mesure de me défendre face à lui ? J’ai bien peur qu’il se trompait, je serais bien en mesure d lui faire suffisamment mal pour qu’il comprenne que je n’avais pas besoin qu’il me protège. Juste qu’il ne m’aime pas. Je voulais pousser la conversation à son summum, mais ses mots claquaient l’air comme le glas d’une mort :

- De toute façon, la discussion est déjà terminée.

Partie 2

- Non, pas temps que tu ne m'auras pas tout dit.

Il m’avait lâché et mes mains s’emparèrent de son bras, mes mots avaient fendu l’air avec force. Je n’avais pas l’intention de le laisser partir sans qu’il ne m’ait un tant soit peu parlé. Je ne laisserais pas notre histoire se terminer ici si elle avait encore de l’espoir devant elle. Je ne laisserais pas cet homme franchir le pas de cette porte sans être totalement convaincus qu’il ne m’aimait pas.

Je plongeais mes yeux dans les siens, mes sens me titillant. J’avais maintenant l’envie de rire, un rire sarcastique et amer face à ses mots. Me demandait-il sérieusement de quoi je voulais qu’il me parle ? À croire que l’âge rend idiot, j’avais véritablement du mal à me retenir, mais je me disais que ce serait certainement une mauvaise idée et que retenir Alex ici allait être suffisamment compliqué comme cela, je n’avais pas besoin de rajouter ce faux pas.

Il fuyait mon regard à présent. Les mots sortaient de nos bouches à tous les deux, mais j’avais cette impression que tout cela ne voulait rien dire. Comme si nous n’étions que des automates. Qu’il tentait de me repousser et que je lui courais après sans même avoir à bouger. Je suis son regard sur l’intérieur de mon appartement. Je suis soudain prise de nostalgie en repensant à ce qu’il avait pu ce passé ici entre nous. Je secoue doucement la tête pour en oublier les détails et reporter mon attention sur lui et son visage froid et fermer. J’avais envie de le saisir par les épaules et le secouer pour lui faire comprendre que l’éclat de ses yeux n’était pas totalement éteint et qu’il m’aimait encore. Qu’il m’aimait tout court, une partie de moi le savait, alors qu’une autre tentait de se convaincre que ce n’était pas le cas.

Ses yeux posés sur moi me donnaient de l’espoir, malgré son regard si froid, sans émotion. Je savais qu’au fond, il ne voulait pas quitter cet endroit, il ne voulait pas me quitter, j’essayais de m’en convaincre par l’éclat de ses yeux. Mais j’avais de plus en plus de mal à le croire, mais je ne renoncerais pas pour autant. Pas à lui, pas à Alex. Je l’aimais beaucoup trop pour cela. L’acte que j‘avais été sur le point de faire avant qu’il n’arrive en était la preuve irréfutable.

Je ne pus m’empêcher de lui dire que je savais au fond de moi qu’il ne voulait pas partir, que je ne voulais pas qu’il me quitte et que je pensais qu’il ne le voulait pas non plus. Il sembla ne pas apprécier que je puisse ainsi présenter ses pensées Comme si elles n’étaient pas vraies. Mais si cela était vraiment le cas, pourquoi n’avait-il pas déjà franchi le seuil de cette porte ? Ou pourquoi était-il venu tout simplement ?

- Tu dis encore nous Alex.

J’avais noté ce détail dans ses paroles, ce qui me regonfla encore à bloc, il y croyait encore même s'il ne voulait pas le laisser paraître. Il s'était trahi lui-même. Ma main se posa délicatement sur son torse, commençant de petits mouvements de caresses aérienne. Il insinua qu’un « nous » ne voulait plus rien dire aujourd’hui. Je ne le croyais pas une seule seconde. Je laissais ma main remontée sur son corps pour finir sa course sur son visage, le caressant avec tout autant de tendresse. Je murmurais ses quelques mots qui disaient que je savais qu’il ne le pensait pas. Il voulut me contre argumenté encore, mais je me mis sur la pointe des pieds pour déposer un délicat baiser sur les lèvres.

Je le sentis se figer sous moi, mais je n’en fis pas de cas, continuant à embrasser doucement ses lèvres. S’il ne voulait pas répondre maintenant, et bien soit, je continuerais quand même, tant qu’il ne me repousserait pas, je ne ferais pas marche arrière. Puis doucement, je le sentis se détendre sous la caresse de mes mains sur son visage et son son corps, et délicatement ses lèvres s’entrouvrir pour lui permettre de me rendre ce baiser délicat. Je laissais le temps se perdre autour de nous pour me laisser enveloppé par cette douce chaleur, même si elle n’était pas encore celle que j’avais pu déjà connaître, elle était le début de tout autre chose. Une histoire bien plus forte était en train de naître entre nous, je le sentais.

Au bout de quelques instants, il finit par me repousser pour rompre se baiser. Je fis une petite moue blessée face à ce geste, il ne me gardait pas vraiment dans ses bras. Je relevais les yeux vers lui, un éclat humide les voilant doucement, je murmurais :

- Je t'aime Alex, et je ne compte pas te laisser partir.

Ses mots me firent plus mal encore ensuite, tout était vu pour moi, je ne le laisserais pas partir, mais il avait du mal à le croire. Je poussais un soupire, me rapprochant doucement, reposant mes mains de part et d’autre de son torse, les yeux plongés dans les siens. « Tu ne partiras pas », tel furent mes mots qui lancèrent le second round de notre différend.

Il se plaignait de nouveau que je pensais connaître ses pensées intentions. Mais je ne comptais pas laisser gagner cette partie. Je le repoussais vers le canapé, je forçant à s’asseoir pour me mettre à califourchon sur lui. Se baiser, échanger, avait bien trop signifié pour qu’il puisse partir maintenant.

- Et si j’ose ?  
- Tu me perdras…

Ma franchise me perdra sans doute, je remarquais son expression passée de la surprise à l’indifférence, il se refermait dans son masque de soldat. J’avais horreur de cela, je n’étais pas une mission. J’étais sa coéquipière et plus j’espérais sincèrement qu’il me considérait comme sa compagne. Je savais que des heures sombres nous attendaient encore, mais je ferai toujours en sorte qu’il sache qu’il était le seul qui comptait à mes yeux.

Lui avouant ma plus grande peur de le perdre, ne plus être capable de vivre sans lui et sans amour, il sembla exaspérer, comme face à une enfant. Mais ne l’étais-je pas encore après tout ? N’avais-je pas le droit à ma part de naïveté ? Moi qui avais du si vite grandi pour faire face à me si misérable vie. Maintenant que je commençais à percevoir que je pourrais peut-être enfin être heureuse, la chose la plus précieuse en mon coeur avait, semble-t-il, l’envie de me quitter. Il ne voulait pas y croire, insinuant que beaucoup trop de personnes comptaient sur moi pour que je puisse les quitter. Mais je n’en avais que faire, je les aimais certes, mais pas autant que lui. Mon coeur battait pleinement pour lui, uniquement pour lui.

- Lorsque l'on trouve, son âme-soeur plus rien d'autre ne peut nous faire avancer.
- Tu ne peux pas être sur que je sois ton âme-soeur.
- Si je le peux. Mais reste à savoir si je suis le tien.

J’étais plus que sincère dans mes paroles. Je savais parfaitement que j’avais trouvé l’homme de ma vie et que je ne serai plus jamais en mesure de m’en passer. De vivre sans lui, je ne pourrais pas, c’était certain. Alex laissa sa tête retombée contre le fauteuil, mon regard se perdit sur la perfection de sa peau, il murmura alors, sans doute dans l’espoir que je ne l’entendre pas :

- Généralement quand l'un l'est, l'autre aussi...

Mon coeur repartit à battre la chamade, de façon presque saccadée même. Je laissais ma tête retomber contre son corps en lui murmurant que je l’aimais. Je le sentais se raidir sous moi encore, mais je n’en fis pas de cas. Je savais qu’il avait encore du mal à se familiariser avec les thermes de l’amour. J’attendrais, je le pouvais, tant que je l’avais.

Puis se remontais, enfouissant mon visage dans son cou, y déposant un baiser, puis un autre. Mes mains parcourant son corps, sans ne laisser aucun doute sur mes intentions. Ses mains se posaient sur mes hanches, un sourire se dessina sur mes lèvres, nous étions maintenant sur la même longueur d’onde. Il me demandait si j’étais Sûre de moi, bien entendu, je ne pouvais Pa Être plus Sûre qu’en cet instant.

- Tu sais que je risque de ne pas être tendre ?

Je le savais oui, mais je n’avais pas peur, je ne demandais que cela qu’il puisse me prendre avec tout le besoin qu’il pouvait ressentir. Je lui répondis que je n’en avais que faire. Il hocha la tête, et avant même que je n’aie eu le temps de m’en rendre compte, il me plaqua sur le lit dans la chambre à une vitesse surnaturelle. Je sentais et entendais, mes vêtements se déchiraient alors que je m’attaquais moi-même aux siens. Incapable de me défaire de son corps, je caressais chaque parcelle que je pouvais atteindre, le laissant prendre pleinement possession de moi.