«  Eh bien ma toute belle, que fais-tu par ici ? Tu t’es perdue ? »
« Passe ton chemin, je ne parle pas aux idiots. »
« C’était inutilement blessant ça ma chère. »


« Alors, il paraitrait que tu es montée en grade. »
« Oui, et toi, il paraitrait que tu es toujours tout en bas de l’échelle. »
« Touché. »
« Coulé même. »
Alors que je m’éloignais de cet idiot, un petit sourire était sur mes lèvres.


« Tu as l’air en forme pour une femme qui vient de se faire torturer pendant 10 ans. »
« Et toi, tu sais définitivement réconforté une femme. »
« Pas besoin de te réconforter, tu es assez forte pour t’en sortir de toute façon. »
« Tu es en train de me jeter des fleurs là ? »
« Non, je dis juste la vérité. »


« Kahlan ! »
Je me retourne en entendant mon nom et le voit. Vick, en train de marcher vers moi avec un sourire idiot sur le visage. Tout ce que j’avais envie de faire, c’était aller dormir, cela faisait trois nuits que je n’avais pas pu le faire. C’est pour cela que je lui répondis avec lassitude.
« Oui ? »
Vick ne me dit rien, mais envahit mon espace personnelle, et avant que je ne m’en rende compte, nos lèvres étaient unis, et nous nous embrassions. C’était doux-amer, passionné, et totalement hors propos, alors je le repoussais brusquement, et sans même lui jetais un coup d’œil, je fis demi-tour et repris le chemin vers ma chambre.
Je l’entendis murmurer derrière moi.
« Je t’aurais ma petite guerrière. »
Pourquoi pas ? L’espoir fait vivre comme on dit. Mais malgré moi, je sentais toujours sur mes lèvres l’empreinte de son baiser…

Je marchais et revenais de la salle du trône. Marcus avait décidé, encore de m’envoyer en mission loin du château. Quoi que je ne me plaigne pas, cela m’évitait de voir la tête de ceux qui me servait de Maîtres trop longtemps. Je saluais d’un signe de tête les gens que je reconnaissais, ceux-ci me le rendant, quand tout d’un coup, je fus attiré vers une chambre. A l’instant même où la porte se referma, j’avais immobilisé et plaqué mon agresseur contre celle-ci. Après un instant, je me rendis compte que c’était Vick, et le relâchais brusquement après une dernière pression sur sa gorge.
« Bon sang Vick, tu veux que je te décapite ou quoi ? »
« Mourir de tes mains me semble être une bonne mort. »
Etait-ce une blague ? Je n’eus pas le temps de l’interroger qu’il m’attira brusquement contre lui et débuta un autre de nos baiser endiablé, fait surtout de dents, de mordillement et de domination. Je glissais ma main dans ses cheveux longs et tirés d’un coup sec dessus pour l’éloigner de moi. Il avait encore son sourire idiot sur le visage, et ne paraissait pas gêner par la douleur de mon geste. Il était même tout sourire. Je le fusillais de regard sans que cela ne fasses rien d’autre que le faire sourire un peu plus.
« Oh ne dis pas que cela te gêne, je ne te croirais pas ma petite guerrière. »
En faisant fit de la douleur, il se pencha en avant pour débuter un autre baiser, tout aussi violant que le précédent, et je le lui rendis avec rage. Avant de m’en rendre compte, j’étais dans ses bras, puis dans les draps de la chambre, me doutant de ce qui allait arriver, mais ne l’empêchant pas. A notre première nuit Vick, mais ne croit pas faire en sorte que je t’appartienne un jour mon grand idiot, je resterais libre.

« Comment oses-tu ? »
Mon chuchotement furieux attira de nombreux regard et après un regard noir envers eux, ils se détournèrent. J’étais plus haut placé que tous les gens de cette salle, et ils le savaient tous. Malgré tout, je pris Vick par le bras et l’attirais dans ma chambre à grands pas furieux. Quand la porte claqua, Vick m’attira contre celle-ci et me dit avec son sourire qu’il pensait charmeur.
« Voyons, si tu voulais juste qu’on couche ensemble, fallait le dire, pas besoin de faire une scène. »
Rester calme… Facile à dire. Grand idiot. Je n’avais plus besoin de contrôler le volume de ma voix, mais il m’avait tellement énervé que seul un filet de voix menaçant sortit de mes lèvres.
« Vick, t’es un garçon facile, si j’avais voulu coucher avec toi, je n’aurais pas inventé de stratagème. Et maintenant, tu vas m’expliquer ce qui t’es passé par la tête ! »
« Quoi ? C’est dangereux la vie de Mercanti, je le sais, et tu n’es presque jamais là, c’était juste une suggestion. »
« Et ça peut nous conduire à notre mort ! Non mais, s’exiler et disparaître sans l’accord des Maîtres, c’est le meilleur moyen de se faire tuer. »
Et ce peu importe à quel point disparaître d’ici pouvait parfois me tenter. J’étais réaliste. Et je n’aurais surtout jamais imaginé que cette idée sortirait de la bouche de Vick. Il haussa légèrement les épaules.
« Bah, ils ont d’autres choses à faire que de retrouver deux déserteurs. »
« J’ai dis non ! Je ne suis pas aussi folle que toi. »
Un sourire désabusé que je ne lui avais jamais vu vient éclairer son visage pendant qu’il me répondait.
« Et c’est bien dommage. »
Il ne me laissa pas le temps de répliquer qu’il commença à m’embrasser. Et même si je savais que ce n’était qu’un moyen pour raccourcir notre dispute, je me laissais entraîner vers le lit, en espérant que cette idée lui sortirait de la tête.

J’étais allongé sur Vick, mes cheveux étalés sur son torse et aucun de nous deux ne parlaient. Encore une fois, une de nos disputes s’étaient terminé par une coucherie, mais elle planait dans l’air. Encore une fois. Nous nous disputions pour tout et n’importe quoi. Et la situation durait depuis trop longtemps maintenant.
Je me redressais sur mon coude en m’écartant légèrement de son corps pour le regarder, alors que j’allais parler, Vick déposa doucement un doigt sur mes lèvres, avant de chuchoter.
« Chut Kahlan, laisse moi encore profiter un peu de ce moment. »
J’écartais sa main doucement, presque tendrement. Je ne pourrais jamais tomber amoureuse de cet homme, mais il m’avait été important, il m’avait aidé à ne pas me laisser consumer par la haine et mes démons. C’est pour cela que je lui répondis moi aussi doucement.
« Nier ne servira à rien, tu le sais Vick, on en est à la fin de notre aventure ensemble. »
Vick détourna le regard, mais cela ne m’empêcha pas de voir la blessure dans ces yeux. Il s’était plus attaché à moi que moi à lui, et cela me rendait triste de ne pas pouvoir lui rendre ses sentiments. Mais maintenant, c’était trop tard.
« Je sais, c’est pour ça que j’ai demandé ma liberté au Clan et qu’ils me l’ont accordé. Je pourrais si je veux faire des allers-retours ici, mais je suis aussi libre de ne plus revenir. »
« Depuis le temps que tu parlais de quitter le Clan, tu devrais être heureux, et tu n’as pas l’air de l’être. »
« C’était quelque chose que je voulais faire avec toi, mais cela ne se réalisera pas. »
« Non. »
Ma voix était tout aussi douce que la sienne, on avait depuis longtemps accepté que la situation se terminerait ainsi, par notre séparation.
« Je te demande juste quelque chose s’il te plait Kahlan. »
« Quoi donc ? »
« Une dernière étreinte, un dernier souvenir à emporter. »
Je regardais un long moment ces yeux, ils n’étaient pas suppliants, juste demandeurs, comme il l’avait dit, c’était juste un dernier souvenir à emporter, et non pas quelque chose à s’accrocher désespérément. De quoi faire son deuil de notre relation.
C’est pour cela que je me penchais en avant et déposais doucement mes lèvres sur les siennes, notre passion et notre férocité finissant par se réveiller par la dernière fois.

Je me promenais en silence dans le château, accompagné du vampire que Victor m’avait assigné. Apparemment un joli et jeune novice qui désirait vivre quelques temps au château. Et qui apparemment n’appréciais pas le silence car il prit la parole.
« Bonjour mademoiselle, je me présente Enrique Iglesio et… »
« Et ce n’est pas votre vrai nom ? »
« Pardon ? »
« J’ai dis que ce n’était pas votre vrai nom. Et pas besoin de faire une grimace, je sais reconnaître une personne qui me ment. »
Je pouvoir voir à son visage qu’il était étonné. Peut-être à cause de mes manières si différentes de celle des femmes de ce siècle ? Toujours est-il que je n’allais pas me laisser faire juste parce qu’il avait un joli visage.
« Certes ce n’est pas mon vrai nom de famille, mais en ces temps, qui cela intéresse ? »
« Moi. »
« Alors cela me prouve que vous êtes une créature rare ma chère…
« Kahlan, Kahlan Toad. »
« Bien… Kahlan. »
Le reste de notre trajet se fit en silence, et quand je le laissais devant sa chambre, il m’adressa un dernier sourire que je trouvais beau et différent des autres vampires que je connaissais. Celui-ci paraissait sincère. Quelque chose que je ne voyais pas souvent. Je finis par l’abandonner devant cette chambre sans lui adresser d’autres mots.



« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Ma voix était aussi lasse que mon corps. Cela faisait deux années qu’Enrique était présent dans le Clan, un véritable petit philosophe qui passait son temps à la bibliothèque, ce qui m’arrangeait car ça limitait notre temps ensemble. Et là… Il mettait les pieds dans notre salle d’entrainement, apparemment de son plein gré alors que c’était rempli de ‘barbares qui aimaient bien trop se taper dessus’. Je vis du coin de l’œil Alex et Ethan quittaient la salle avec les épaules tressautant un peu, je le suppose sous leur rire. Lâcheurs. Malgré leur curiosité, les autres Mercanti partirent aussi, me laissant seule avec Enrique.
« Je te cherchais à vrai dire. »
« Quoi ? Et pourquoi cette fois ? »
Un petit sourire étira les lèvres d’Enrique, peut-être au ton un peu geignard de ma voix, mais franchement, je n’avais pas vraiment envie de le voir, lui et son sourire charmant qui me faisait toujours réagir d’une façon inapproprié.
« Apprends-moi à me battre. »
« Quoi ? »
Cette fois ma voix exprima toute ma surprise. Enrique ? Se battre ? C’était un oxymore. Malgré tout, il se dirigeait avec détermination vers les épées. Et m’en lançant une que je rattrapais automatiquement, grâce à mes réflexes, il me répéta les mêmes mots.
« Apprends-moi. »
Je ne le lâchais pas des yeux avant d’hocher légèrement la tête, me mettant en position.
« D’accord. »
Et pour plusieurs heures, je lui appris à se battre à l’épée. Parade, esquive, coup porté avec le pommeau, coup porté avec la tranche ou le plat. Il se débrouillait bien, il ne serait jamais un grand épéiste mais il avait un assez bon niveau finalement. Même si cela ne m’empêcha pas de le désarmer à chaque fois. Au bout du compte, il finit par éclater de rire et se laisser tomber en position assise sur le sol, ses cheveux partaient dans tous les sens devant son visage, collant par la sueur, et je sentais que j’étais dans la même situation. Je m’assis à côté de lui avec un petit sourire.
« T’as un bon niveau. »
« Mais pas suffisant pour te battre. »
« J’ai cent ans d’expérience, heureusement que tu ne peux pas me battre. »
Et Enrique me fit un autre de ses grands sourires en me regardant avec des yeux pétillants de malice qui lui étaient habituels. Il me dit avec amusement.
« Bah je peux toujours essayer en tout cas. »
Je sentais un double sens dans ses propos, et je finis par comprendre pourquoi quand je sentis ses lèvres contre les miennes. C’était différent de ce que je connaissais. Avec Derek, c’était de la haine, du devoir et l’envie de faire du mal à l’autre. Avec Vick, c’était de la passion brute et de la domination. Avec Enrique, cela semblait doux, pas mielleux pour autant, juste doux et quémandeur. Je savais que si je le repoussais, il s’excuserait et partirait juste. Mais je ne le fis pas, et à la place, je lui rendis doucement son baiser, apaisé et contaminait par sa tendresse.



Mon regard était attiré vers la porte du trône. Je sentais de l’agitation derrière sans pouvoir l’identifier. La dernière fois que quelque chose comme cela s’était produit, Daniel avait été transformé et c’était il y a moins de cinq mois. Cette année était décidément beaucoup trop agité. Mon regard croisa celui d’Ethan et je le vis hausser légèrement les épaules, lui non plus ne savait pas ce qui se passait.
C’est là que les portes claquèrent contre les murs, pour la deuxième fois en cinq mois. Et comme la première fois, je faillis crier. Le Bourreau, non Marlène, nous étions assez intimes toutes les deux après avoir passé dix ans ensemble. Le Bourreau donc traîné Enrique par le cou, et il portait déjà une longue blessure sur sa joue gauche. La voix de Marlène s’éleva dans la salle avec amusement, minaudant presque.
« Comme tu me l’as demandé Marcus, voici le petit vampire. »
« Merci Marlène, tu peux disposer. »
La voix de Marcus était presque ennuyée quand il répondit. Et cela me fit craindre le pire. Je n’avais jamais compris la haine de Marcus mais toujours est-il que j’avais vite compris que quoi que je fasse, elle augmentait et plus il pouvait me faire souffrir, mieux cela allait pour lui. J’avais peur de ce que cela allait augurer pour Enrique, et je savais que seul une personne pouvait être sur un pied d’égalité avec Marcus, vu qu’Alex était en ce moment-même avec Daniel loin dans le château, alors je tournais mon regard vers Victor, et le supplier du regard d’intervenir.
Celui-ci me rendit mon regard avec presque de la tristesse dans ses yeux et lentement secoua la tête une fois, en un signe négatif. Je vis ses lèvres me murmurer un ‘Je suis désolé Kahlan’, mais il ne bougea pas pour intervenir, et quand la voix de Marcus s’éleva, je sus que tout était déjà fini.
« Bien, cela ne sert à rien de faire traîner les choses en longueur. Gabriel je te pris. »
Du coin de l’œil, je vis Gabriel, un nouveau vampire, apporté l’épée de Marcus à celui-ci, mais je reportais mon regard sur Enrique, ses yeux étaient sérieux et résignés, me faisant comprendre qu’il savait déjà ce qui allait se passer. Et pourtant, dans ses derniers instants, il m’adressa un sourire tendre, et ne fit pas un geste pour se défendre, pourtant il aurait pu, ses leçons lui avaient appris à esquiver ce genre d’attaque, mais toujours est-il que cela me serait retombé dessus si jamais Enrique voulait se défendre ou réussissait à s’échapper. Et il le savait. Sa tristesse au vu de sa condition, son mal être, et peut être même ses sentiments pour moi firent qu’il ne bougea pas quand l’épée s’abattit sur son cou. Pas un instant nos regards ne se lâchèrent, mais je pus voir sur ses lèvres se formaient les mots ‘Je t’aime’ qu’il m’avait prononcé le matin même sans que je ne réussisse à lui répondre.
Et alors que mes yeux étaient fixés sur le corps sans vie et décapité de l’homme qui avait partagé un temps ma vie, je me rendis compte que je ne pourrais jamais lui rendre ses mots. Une larme coula sur ma joue sans que je ne réussisse à la retenir, donnant surement la plus grande joie à Marcus. Sa voix d’ailleurs s’éleva, presque pleine d’allégresse.
« Quelque chose à dire ma chère Kahlan ? »
« Non. »
Ma voix ne trembla pas, ni ne se brisa malgré mon agitation intérieur, mais je pus sentir ma haine envers eux, ceux sensé être mes Maîtres, augmentait encore un peu. Devant Marcus qui se réjouissait de mon malheur sans s’en cacher et devant Victor qui n’était pas intervenu devant l’exécution d’un innocent dont le seul pêché avait été de m’aimer. La voix de ce dernier s’éleva d’ailleurs.
« Ethan, Kahlan, emportez le corps et occupez-vous-en. »
« Bien maître Victor. »
Seule la voix d’Ethan raisonna, la mienne était coincée dans ma gorge mais je me dirigeais vers le corps d’Enrique, sans pour autant réussir à le toucher. Ethan posa sa main sur mon épaule et après m’avoir poussé légèrement, se pencha pour le soulever seul. On quitta la pièce en silence, et en se dirigeant vers le crématorium, je sentis mes barrières se brisaient et mes larmes coulaient, silencieuses sur mes joues. Si Ethan le vit, il n’en dit rien, et aucun d’entre nous ne parlions et ne parleront de ce moment, ni maintenant, ni plus tard. Il me laissa faire mon deuil et dire au revoir à Enrique. Au revoir à mon ange.

Pause. J’attendis pendant quelques secondes, le temps au mortel de se reprendre devant mon apparition, avant de reprendre mon chemin dans la demeure. Aujourd’hui, mon objectif, donné par Victor était de m’introduire ici pour voler un artefact détenant apparemment le pouvoir de commander au mort. Je n’y croyais pas vraiment, et le regard septique de Marcus m’avait appris qu’il n’y croyait pas non plus, mais bon, je me devais de tout de même intervenir pour récupérer cet artefact et laissé Victor décidé de sa valeur.
Me voici donc à une soirée quelconque, prétendant grâce au pouvoir du Garde Silvain, un modificateur de mémoire, être Mademoiselle Elena Toad, une riche aristocrate avec de fortes notions en langue et en philosophie. Je ne sais pas qui avait décidé de mon identité, mais ce n’était sûrement pas le bon choix à faire pour moi.

Une fois dans la salle, je me laissais entraîner par la foule et les conversations, passant de l’un à l’autre, me faisant remarquer par ma beauté et par mon statut de nouvelle. Le maître de maison passa devant moi et j’en profitais pour lui lancer un sort discret qui lui ferait oublier de trop bien chercher son artefact une fois que je l’aurais en ma possession. Une fois cela fait, je pus me détendre légèrement et continuais à converser.

« Oh je suis désolé. »

L’homme qui venait de légèrement me bousculer s’excusait devant moi à profusion, me faisant presque lever les yeux et me faisant le prendre en pitié. J’étais une vampire, ce n’était pas le léger coup qu’il m’avait administré qui me fera vraiment mal. Mais on aurait dit que c’était la fin du monde pour lui. En l’observant, je pus remarquer que son attitude était un mélange de fierté, de maladresse, de dignité et de culpabilité. Apparemment quelqu’un de respectable et de respecté, et qui le sachant ne pouvait s’empêcher d’en éprouver de la fierté.
Je lui fis un sourire rassurant, m’assurant de ne pas lui montrer mes canines allongés par l’impatience de la soirée. Cela dut fonctionner car il me rendit ce sourire avec une expression un peu rêveuse.

« Ce n’est pas très grave, messire. Je n’ai aucunement mal, et vous n’avez fait aucun dégât à ma robe. »
« Ce qui aurait été dommage, elle vous va à ravir. »

J’esquissais un petit sourire étonné, et faussement embarrassé en l’entendant, et je pus sentir que lui se sentait véritablement embarrassé, apparemment ses mots avaient dépassé sa pensée.

« Hum. Sinon je me prénomme Steeve Carlson, le Docteur Steeve Carlson. »

A attendre son insistance sur le mot ‘docteur’, il en éprouvait une grande fierté. Et vu que je devais me mettre tout le monde dans la poche pour éviter tout soupçon, je lui fis un sourire que j’espérais charmant avant d’utiliser son titre.

« Enchanté Docteur Carlson, je suis la Duchesse Elena Toad. »
« Enchanté également Duchesse. »

Et pendant que le Docteur Steeve Carlson me faisait un baisemain, je ne pus empêcher mes pensées de partir vers une sombre direction, j’avais effectivement été une Duchesse, dans une vie antérieur. Plus précisément la Duchesse Kahlan Elena Di Cortez. Mais tout cela été derrière moi. C’est pour cela que je répondis à son baisemain par une légère révérence avant de commencer à converser avec lui.

Quelques minutes plus tard, nous étions lancés dans une discussion philosophique et intrigante qui m’en apprit un peu plus sur cet homme fier et indépendant. Quelques heures plus tard, je volais l’objet de mon déplacement. Quelques semaines plus tard, je le croisais de nouveau. Et quelques mois plus tard, nous serions ensemble.



« Bonjour Docteur Carlson. »
« Oh, mademoiselle Toad, un plaisir de vous revoir, même si je trouve que vos apparitions n’ont pour l’instant pas été de bonnes augures. »
« Comment cela messire ? »
« Eh bien, il est étonnant que votre apparition coïncide avec la disparition de l’artefact de notre ami Monsieur Lonsieur non ? »
« Etrange effectivement, j’en suis navré pour lui. »
« Il se pourrait que j’ai du mal à vous croire là-dessus mademoiselle Toad. Mais je n’ai malheureusement pas le temps de m’attarder, on m’attend. A une prochaine fois peut être ? »
« Bien sûr Docteur Carlson, ça serait avec plaisir. »

Je le regardais s’éloigner avec un petit sourire. Cet homme était assez intriguant, peut être un peu trop gentil pour être honnête. Toujours est-il qu’il avait ravivé en moi une pointe d’intérêt, et que je n’allais pas le lâcher avant que celle-ci ne disparaisse, comme pour tous les autres…



« Je suis un être de la nuit Steeve, une vampire. »
« Vampire ? L’une de ses créatures mortes buveuses de sang ? Ces choses inhumaines ? »
« C’est vraiment ainsi que tu me vois ? »

Silence. Et une longue pause qui voulait tout dire avant qu’il ne recommence à parler.

« J’aurais besoin d’un peu de temps Elena. Un peu de temps pour intégrer et comprendre. »
« Kahlan. »
« Quoi ? »
« Elena n’est que mon deuxième prénom. C’est Kahlan mon premier prénom. »

Silence. Encore une fois. Il finit par soupirer et se détourner de moi en disant doucement.

« Bien. Kahlan alors. Cela ne change rien. J’aimerais un peu de temps seul s’il te plait. »

Avant même qu’il n’est pu finir sa phrase et tourner la tête vers moi, j’avais transplanné au château où nous résidions actuellement.



Plusieurs années étaient passées depuis cette nuit où je lui avais révélé une partie de la vérité. Quelques jours plus tard, il me demandait la suite de l’histoire et je dus attendre ensuite plusieurs mois pour avoir de ces nouvelles. Cela est un peu triste à dire mais ces mois m’ont détaché de lui, je n’ai jamais éprouvé véritablement de l’amour pour cet homme, mais de l’admiration, du respect et de la tendresse, oui. Je savais qu’il ne me faudrait que peu de choses pour tomber amoureuse.
Et il nous a fallu un long moment pour vraiment se raccorder, trouver des terrains d’entente. Il faisait la sourde d’oreille sur tout ce qui était surnaturelle, et je savais que cela nous retomberait dessus un jour où l’autre. Déjà je voyais avec le temps de fines rides apparaître sur son visage. Je les aimais et les détestais en même temps, elle appartenait à Steeve et marquait pour lui le temps qui passait.

Victor et Marcus m’avaient accordés un congé de quelques jours qui m’avait permis de passer un peu de temps avec Steeve. J’étais allongé sur le lit de la chambre principale quand Steeve rentra tout fébrile et avec un grand sourire, je me redressais, intriguée, quand il parla avec joie.

« Ca y ai, je suis le directeur de la clinique. »
« Je t’en félicite alors, je sais à quel point cela compte pour toi. »

Même si je ne comprenais pas vraiment cet intérêt, je m’étais relevé et approché de lui de mon habituel pas félin et silencieux, ce que Steeve ne parut pas remarquer  tout de suite, tout à son allégresse. Quand il le remarqua, il me prit dans mes bras et me fit un grand sourire avant de me répondre quelque chose qui me rendit légèrement… sonné j’imagine.

« Épouse-moi, Kahlan Toad ? »
« Quoi ? »
« Epouse-moi. »

Ses yeux pleins d’attentes étaient sur moi et je sentis mon cœur se fendre en même temps qu’il déborda soudain d’amour pour cet homme, car aussi tentant que soit sa proposition, je savais que ma réponse ne serait pas la bonne.

« Je ne peux pas. Et tu le sais. »
« Pas encore cette discussion Kahlan. »
« Tu es un mortel Steeve, et cela ne change pas. »

Je le voyais s’éloigner de moi, mais je ne bougeais pas, peu importe sa fureur, il n’avait pas l’air, il n’avait même jamais l’air de comprendre le problème.

« Tu vieillis, et un jour tu mourras Steeve. »
« Oui, et c’est dans l’ordre des choses. C’est ainsi que les choses fonctionnent car c’est ainsi que Dieu l’a décidé. »
« Et tu trouves cela normal de laisser ta femme éternellement veuve ? De me laisser vivre quelques années avec toi pour ensuite me laisser survivre à ta disparition ? »
« Tu pourrais aussi juste me rejoindre après ? »
« Tu veux que je me suicide pour te rejoindre dans la mort ? »

Il me fallut répéter ses mots, je ne retrouvais pas en eux l’homme aimant et tellement indépendant que j’avais cru voir et aimer. Steeve passa une main dans ses courts cheveux noirs, avant de me répondre doucement.

« Ce… C’est juste que je ne peux pas Kahlan, je ne peux pas devenir un vampire. »
« Je ne te demande pas de devenir un vampire, tu pourrais aussi être mon Calice. »
« Et vivre éternellement en étant autre chose, en restant sur le banc de la société ? Je… Je ne peux pas. »

Je voyais la crise de panique se profilait pour Steeve, et comme à chaque fois, je dus céder un peu, ne voulant pas le faire paniquer. Ses crises pouvaient être impressionnantes. Je soupirais donc doucement.

« Alors nous serons toujours dans une impasse Steeve, je ne serais jamais totalement à toi tant que tu ne m’auras pas rejoint sur ce banc de l’éternité et… »
« Et je ne rejoindrais jamais ce banc. Je ne pourrais pas. Je suis désolé. »

Avec tristesse, je pus voir Steeve fuir et presque courir en dehors de la chambre. Avec l’impression de vouloir vomir, je me rassis sur le bout du lit. Cette conversation retombait toujours, même si sa proposition était inédite. Et elle retomberait encore et encore. Nous allions nous faire souffrir avec cela. Mais ni l’un ni l’autre ne pouvions abandonner nos positions, et je me demandais si le mieux ne serait pas pour moi de disparaître de sa vie.
Puis je posais sur mon regard sur un des tableaux nous représentant Steeve et moi, et je sus que je ne pourrais pas, que même si j’essayais, je céderais pour pouvoir retourner dans ses bras, et profiter de la chaleur et du réconfort que m’offrait ceux-ci. Alors comme à chaque fois, j’inspirais profondément et me résolut à relancer cette conversation un autre jour, mais surtout, à faire en sorte que nous nous réconcilions bientôt.



« Je commence à vieillir oui. Mais je suis avec toi, alors que pour cela, j’ai du abandonner tout une part de ma vie. Je ne me suis pas marié. Je suis toujours considéré comme un vieux célibataire car tu ne veux jamais m’accompagner dans mes soirées. »
« Tu sais très bien que je ne pourrais pas, je ne vieillis pas et les gens le remarqueraient. »
« Je n’avais pas finis. J’ai aussi abandonné pour toi l’espoir d’avoir des enfants, je l’ai fais pour toi, même si je l’ai parfois regretté. »
« Comment oses-tu me le reprocher ? Comment oses-tu alors que je me suis ouverte à toi sur Isabelle ? »

Mon ton ne pouvait pas exprimé toute la déception et l’horreur que je ressentais en le voyant m’attaquer sur ce sujet, mon envie de vomir me revient en force, tout comme celle de le gifler, et pour ne pas la mettre en exécution, je partis, ou je fuis de la salle rapidement.



« Steeve ? »
Même si je n’entendais aucun cœur humain battre dans les environs, je me sentais obliger de l’appeler à voix haute en voyant le silence dans la maison, habituellement grouillante de vie, les cuisiniers, femmes de ménages, Steeve en train de se relire à voix haute. Aucuns de ses bruits qui m’étaient devenues habituelles ne raisonnaient dans la maison, me faisant craindre le pire.
A vitesse vampirique, je rejoins notre chambre pour me rendre compte qu’elle était tout aussi impeccable qu’à l’habitude, et pourtant, un malaise m’envahit. Malaise qui se confirma en voyant une enveloppe sur le lit. De loin je pus voir qu’elle m’était adressée et écrite de la main de Steeve. Et j’avais déjà compris ce qu’elle allait contenir mais je ne pus m’empêcher de la prendre et de l’ouvrir en m’asseyant sur le lit doucement. Je caressais un instant du doigt l’écriture de Steeve avant d’ouvrir la lettre et de lire ces dernières paroles à mon encontre.

Ma chère et précieuse Kahlan,
Je suis sûr que tu as trouvé rapidement cette lettre et que tu as déjà compris, mais même si je ne pouvais pas être là devant toi, je voulais t’expliquer la raison de mes actes.
Tu l’as déjà compris, je pars, loin, loin de toi, loin de nous, loin de cet amour devenu destructeur qui nous consumes.
Je suis désolé, désolé de savoir que tu vas souffrir à cause de moi, mais cette souffrance sera moins grande que celle que nous aurions eu si nous nous étions retrouvé en face à face pour la même situation.
Je sais qu’avec tes capacités, tu pourrais facilement me retrouver, mais je te demande de ne pas le faire. J’en suis à la fin de ma vie ma précieuse Kahlan, et je sais que tu l’as découvert depuis longtemps. Nous aurions surement passé nos derniers moments avec toi tentant de me convaincre d’être transformé, et je ne pouvais pas le supporter, pas encore.
Je suis désolé, terriblement désolé de te laisser seul, mais je ne pourrais pas vivre en devenant quelqu’un d’autre, et je ne pouvais pas te laisser de faux espoirs. Alors je pars, en espérant qu’un jour, tu pourras trouver quelqu’un qui t’aimera autant, ou même plus que je ne t’ai aimé et qui pourra t’apporter le bonheur.



Un rire amer m’échappa. ‘Souffrance moins grande que si la conversation avait été de face à face’. Dis plutôt Steeve que tu avais peur que je ne te transforme de force. La lettre m’échappa pour échouer doucement sur le sol pendant que mon regard se portait sur la fenêtre. L’homme que j’avais aimé me quitter pour être rattrapé par la vieillesse et mourir loin de moi. C’était si mélodramatique, et malheureusement vrai.
Il me fallut quelques secondes pour sentir un courant d’air sur mes joues, mais aucune porte n’était ouverte. Je levais la main vers celle-ci et pus sentir des larmes. Ce fut seulement là que je me rendis compte que vue était brouillé par des larmes.
Je sentis mon visage se durcir. Non, je ne te pleurerais pas Steeve Carlson, tu m’avais enlevé le choix, le choix de rester à tes côtés malgré la fin. Tu avais renié mon amour en le transformant en quelque chose qui s’échangerait facilement, en me disant que je pourrais facilement en aimer un autre. Tu ne méritais pas ces larmes. Et pourtant, je n’arrivais pas à les arrêter. Alors, pendant de longues minutes, je les laissais couler.
Quand je sentis, plusieurs heures après de l’agitation en bas, mes larmes s’étaient taries depuis quelques temps et je sus que c’était les déménageurs qui étaient arrivés. Il m’aurait suffit de les suivre pour retrouver Steeve mais je n’en fis rien. Après un dernier regard autour de moi, je laissais tout ici, la lettre, mes larmes et nos souvenirs pour retourner au château là où se trouver ma famille. Oui, Adieu Steeve.

Tuer ou ne pas tuer ?
Franchement, la question me trottait dans la tête. Les hommes ses dernières années se prenaient beaucoup trop de liberté. J’en reviendrais presque à regretter les années de guerre chez les moldus, au moins, je n’avais guère besoin de me retenir, ou de retenir mes points si je le voulais. Un sourire étira mes lèvres sans que je ne puisse vraiment le retenir. La guerre, la violence et le sang ne me quittaient jamais, même si j’étais parti loin du Clan depuis déjà plusieurs décennies. Ces choses là étaient bien plus universelles que l’amour contrairement à ce que pensait les optimistes, et peu importe le monde où nous nous trouvions : sorcier, vampire ou moldu. La guerre était universelle.

Mais ce soir, je ne me trouvais pas dans ce bar pour philosopher, mais juste pour me trouver mon casse-croûte du jour. Mon regard parcourut la salle. Une sortie au fond, habituelle. Une trappe presque invisible au-dessus du barman, celui-ci devrait d’ailleurs faire gaffe, ça serait très facile de l’enfer ainsi. Et une sortie, surement vers les coulisses, à côté de la scène où se produisaient quelques danseuses. Bien. Pas mal de portes de sorties donc. Mais aussi pas mal de points d’entrées pour de potentiels ennemis aussi.
Je poussais un soupir avant de décider de ne pas y prêter trop d’attention.
Ce soir, c’était la fête, le sang et tout cela. C’était presque déprimant à penser.

Je passais ma commande au joli barman, en m’accoudant au bar. Je sentais des regards s’attardaient sur moi, attiré par ma beauté, par ma magie, par la dangerosité que je représentais ? Je ne le savais pas mais quoi qu’il en soit, cela me serait utile ce soir.

« Bonjour mademoiselle. »

Un regard sur le côté m’apprit qui était celui qui me parlait, un blond, timide et avec un sourire craquant, surement un étudiant. Pas une proie facile à attirer dehors pour le vider quelques peu de son sang donc. Je me contenter donc d’hocher légèrement la tête avec un vague sourire avant de reporter mon attention sur mon verre. L’étudiant comprit que je lui donnais congés et partit, pour être remplacé par d’autres hommes. Apparemment, il avait ouvert la voie. Ces humains, si timide.
L’un d’entre eux en tout cas attira mon attention. Il ne me parlait pas directement et se tenait plus loin des autres, mais ne quittait pas mon regard. Les cheveux bruns, même si je voyais d’ici que cela était dû à une teinture, le regard direct et inviteur, un petit sourire aux lèvres. Une proie facile donc, et déjà ferré.
Sans un mot envers les hommes qui jusqu’à présent me tenaient compagnie, je pris mon verre de nouveau plein grâce au joli barman et me dirigeais vers le brun. M’installant en face de lui, je lui fis un sourire séducteur, celui qui ne laissait pas trop voir mes dents.

« Bonsoir à vous. Je me présente, Elena. Je peux m’installer ici ? »
« Bonsoir. Mickaeal. Installez-vous, je vous en prie. »

Il me rendit immédiatement mon sourire, pensant certainement que nous finirions la soirée ensemble, mais seul son sang me tentait, même s’il était beau garçon.
Toujours est-il que la conversation s’engagea, ponctué de plusieurs sous-entendus. A peine une heure plus tard, je l’entraînais sur la piste de danse. Quelques minutes après cette première danse, nous échangions un baiser assez volcanique et violant. Et quelques minutes plus tard, nous reprenions nos vestes et partîmes vers la sortie.
Alors que je pensais qu’il voudrait m’attirer dans son appartement, il attrapa mon bras et me conduisit à une ruelle à côté, ce qui arrangeait plutôt bien mes affaires. Il m’entraîna dans un autre baiser, et me prit ainsi par surprise pendant quelques secondes, ce qu’il dut calculer, car je sentis tout d’un coup un liquide être insérer dans ma bouche en même temps que le baiser. Avant que je ne me rende compte, je l’avais et avant même que je n’ai le réflexe d’attaquer Mickeal, je sentis mes forces décliner et ma vision s’obscurcir, la dernière chose que je remarquais ? La phrase que me dis Mickeal.

« Tu me remercieras plus tard, vampire. »



Conscience, inconscience. Trou noir, noir oppressant. Trou de mémoire, brides de conscience.
Je savais qu’il se passait quelque chose autour de moi, mais je n’étais pas conscience assez longtemps pour tout suivre.
Je me réveillais légèrement pour la troisième, quatrième ou peut être même cinquième fois, et cette fois, je pus entendre des voix autour de moi. Mais je ne réussis toujours pas à ouvrir les yeux.

« Elle est presque prête ? »
« On est sûre que ça fonctionnera ? Le dernier patient n’a pas survécu. »
« Oui mais elle, elle est parfaite. »

A ce moment-là, je dus me ré-évanouir car je manquais une partie de la conversation, et même quand je pus reprendre le fil, il me fallut quelques secondes à chaque fois pour imprimer ce qu’ils disaient.

« … Potion est la bonne. »
« Si on rate, on aura une vampire en colère avec nous. »
« Mais si on réussit, ça sera une humaine reconnaissante devant nous. »
« Je ne sais pas, j’ai pas confiance en Mickeal, Claire. Je le sens mal, il l’a trouvé où cette vampire ? Elle avait pas l’air d’être là de son plein gré… »

A partir de ce moment-là, je décrochais de la conversation, mais alors que les ténèbres cherchaient à reprendre le contrôle de ma conscience, je combattis cette fois beaucoup plus durement. Ca y ai, je savais enfin où j’étais. Le centre gouvernemental autrichien qui testait des rituels et potions pour transformer des vampires en humains, et j’allais être une des cobayes. Or si je redevenais humaine, je signais immédiatement mon arrêt de mort.
Malgré toutes ses bonnes raisons, je ne pus combattre le noir et je me sentis re-sombrer dans l’inconscience, criant à l’intérieur de moi-même, enfermé dans ma tête et voulant à tout prix sortir de cette situation, réagir avant qu’il ne soit trop tard.




Réveil mouvementé. Mal de crâne. Je me sentais nauséeuse, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps.
Il me fallut quelques secondes pour remettre en place les derniers événements dans mon esprit, mais quand se fut fait, j’ouvris brusquement les yeux. Et il me fallut pas mal de ma retenue pour ne pas crier, de peur ou de rage, je ne sais pas. J’étais enfermé dans une espèce de cercueil en verre, et maintenant que j’y faisais attention, je sentais pas mal de sortilèges autour de moi, principalement de détections. Mais peu importe à qui ils étaient liés, et peu importe qui viendrait s’ils étaient déclenchés, il me fallait sortir de là. Tout de suite.
Je commençais à donner des coups de poings dans la vitre et finit par m’arrêter au bout d’un instant quand je remarquais que j’avais mal et que pas un seul fendillement n’apparaissait sur la vitre. En commençant à hyper-ventiler, je me rappelais tout d’un coup l’objectif de tout ça. Me retransformer en humaine. Je me concentrais pour faire apparaître mes crocs, mais rien. Rien n’apparaissait alors que pourtant, habituellement, ils se pointaient à la moindre occasion. Avec stress, j’observais mes mains qui ne guérissaient pas et avec un hurlement de rage, je finis par comprendre qu’ils avaient réussi leur coup. J’étais redevenue humaine, une simple et pathétique humaine.

Ma rage combinait à mon coup de poing suffit pour briser la vitre cette fois. Surement ma magie intervient-elle aussi.
Je ne perdis pas de temps et une fois debout, je récupérais les quelques affaires présentes autour de moi et m’appartenant. Des bruits de transplannage et des sorts jetés, des cris lancés par les scientifiques, et pour moi juste une dose d’instinct et d’adrénaline.
Quand je repris le contrôle de mon corps et de mon esprit, je me rendis compte que les scientifiques étaient tous morts, et que j’étais debout devant la porte. J’esquissais un sombre sourire, j’étais peut être redevenue humaine, mais ils ne m’avaient pas fait perdre mes années d’entraînements et mes réflexes. Alex et Demetrio seraient fiers de savoir que j’avais bien retenu et assimilé leurs leçons.

Je crochetais avec une facilité déconcertante la porte, qui était pourtant bardés de sorts pour que je ne sorte pas, et murmurais à moi-même.

« Stupides sorciers. Protéger les salles selon avec des méthodes sorcières et oubliés les inventions des moldus. Le jour où la guerre éclatera entre vous deux camps, les moldus gagneront sans aucun doute. »

Pendant que je marmonnais, j’avançais prudemment dans les couloirs, et étonnement, je pus atteindre presque sans problème la sortie. Bon en fait, le seul problème se présenta justement à la sortie sous la forme de Mickeal. Il m’attendait ce salaud, avec un sourire horripilant aux lèvres.

« Alors Elena, comment te sens-tu d’être redevenue humaine ? »
« Va te faire voir connard, le consentement tu connais ? »
« Voyons, tu étais apparemment possédé par un esprit du mal, tu n’aurais jamais pu reconnaître que tu avais besoin de cette deuxième mort. »
« Deuxième… mort ? »

J’aurais voulu ne pas être aussi intriguée par ce qu’il disait, mais le fait qu’il me parlait de deuxième mort, oui ça m’intriguait.

« Bien sur, c’est le seul moyen pour changer l’état d’un corps. Il faut mourir pour devenir un vampire, il faut mourir pour redevenir un humain, tu es la première à t’être réveillée, tu vas ouvrir la voie pour permettre aux autres vampires de revenir à la vie. »
« Tu es cinglé. »
« Je ne suis pas cinglé ! »

Son visage se durcit pour le coup, je me demandais comment j’avais pu le trouvais beau. Mais la question n’était plus là, j’avais eu ma réponse, il était temps pour moi de mettre les voiles.
D’un mouvement de la main, j’envoyais vers lui quelques couteaux et profitaient du fait qu’il doive esquiver pour courir vers la sortie, me rendant compte que j’étais tout de même assez rapide à la course, même si je ne gagnerais jamais contre un vampire.
Même avec toute la distance entre nous deux, je pus entendre le hurlement de rage de Mickeal quand il se rendit compte qu’il m’avait laissé échapper et ces dernières paroles.

« Tu ne m’échapperas pas Elena. Tu es à moi. Ma création tu entends. Je te retrouverais, et tu me reviendras. »
« Causes toujours, tu m’intéresses. »

Je marmonnais ces derniers mots, mais je ne pus retenir un frisson. D’excitation devant la chasse offerte que je savais à mon avantage ou de peur ? Quoi qu’il se passe, cet homme ne gagnerait jamais, je me trancherais la gorge avant de retourner avec lui. Mais les frissons continuèrent à me traverser pendant que je fuyais hors de l’Autriche, cet homme était définitivement cinglé, et j’espérais malgré tout que ça serait la dernière fois que je devrais l’affronter de visu. Définitivement cinglé. Plus que moi en tout cas, et ce n’était déjà pas une mince affaire…
A la prochaine fois Mickeal. A ton enterrement ou au mien. Que le meilleur survive.